Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/166

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enveloppait les forêts des Ardennes et gênait tous les mouvements.

« Et la journée du 22 ? » demandé-je au colonel. – «  Elle a été plus sanglante encore », me répond-il, et il me donne rapidement quelques indications. La 4e armée avait pour instructions de marcher vers le nord, l’aile gauche en avant, et d’attaquer dès qu’elle en aurait l’occasion. La 3e armée devait se guider sur la 4e et répondre à toute offensive qui viendrait d’Arlon et de Fontoy. Mais le XIe corps, qui s’était porté sur Paliseul, n’a pu conserver le terrain qu’il avait gagné. Le XVIIe corps, qui s’était engagé dans la forêt de Luchy, n’est point parvenu à en sortir : il a dû se replier derrière la Semoy. Le XIe corps a atteint, au prix de pertes sévères, Saint-Médard et Névraumont ; le corps colonial s’est jeté vaillamment sur Neufchâteau ; il a trouvé l’ennemi caché dans les avoines ou abrité dans des tranchées garnies de mitrailleuses et, après une lutte très âpre, il a été contraint de céder à une écrasante supériorité numérique. La 3e division coloniale a occupé le village et le château de Rossignol, Saint-Vincent, Tintigny, et a dû livrer des combats meurtriers où sont tombés, mortellement frappés, les généraux Raffenel et Rondony, le lieutenant Ernest Psichari, petit-fils de Renan, et combien d’autres ! À la droite du corps colonial, le IIe corps a également progressé, hier 22 août, par Tintigny et Bellefontaine, mais il a été arrêté, à hauteur de Virton, par des lignes de fantassins enfouis dans le sol ou par le tir, remarquablement réglé, de canons de 105 et de 150. Dans l’ensemble, hier soir, conclut le colonel, la 4e armée n’avait pas très sensiblement reculé et elle avait infligé aux