Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/165

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marchaient vers l’ouest à travers le Luxembourg belge. La 3e armée avait mission de couvrir le mouvement de la 4e.

Autant qu’on peut le savoir, me dit le colonel Pénelon, trois armées allemandes se trouvent en face des nôtres, dans la région de la Meuse et des Ardennes, celle du kronprinz impérial, qui semble avoir pour objectif Longwy et Verdun, celle du duc Albert de Wurtemberg, qui s’avance en Belgique vers Arlon, celle de von Hausen, ministre de la Guerre saxon, qui se porte sur Givet : au total, environ quatorze corps, et il semble que, par surcroît, ces corps ou, tout au moins plusieurs d’entre eux, seraient doublés de corps de réserve. On est, du reste, jusqu’ici assez mal renseigné au G. Q. G. sur le nombre et la composition de ces armées.

Dans la journée du 21, notre 4e année a tenté de déboucher au delà de la Semoy par la gauche et de tâter l’ennemi. Notre infanterie est allée de l’avant, avec une fougue admirable, mais sans précaution d’aucune sorte, sans véritable préparation d’artillerie, sans liaison suffisante entre les unités. Elle a rencontré des cyclistes allemands, munis de mitrailleuses, et a été aussitôt décimée par leur feu. Le XIIe corps, commandé par le général Roques, a cependant atteint Florenville. Le corps colonial, arrivé après une longue marche de nuit au village belge de Géronviller, a perdu ensuite, sous un orage diluvien, tout contact avec les troupes voisines. Le IIe corps (général Gérard), trempé lui aussi par l’averse, a passé à son insu au milieu des forces allemandes. La 3e armée s’est avancée, de son côté, dans les environs de Virton et y a reconnu l’ennemi. Une brume impénétrable