Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/208

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représentant de l’armée dans la région. Il espère être en mesure de continuer demain l’évacuation du matériel de guerre que les troupes ont abandonné à Lille et de faire, en outre, partir trois cent cinquante nouveaux wagons remplis de fourrages et d’approvisionnements. Il est sans communication avec la plupart des communes de son département. Il ne correspond qu’avec Dunkerque et Hazebrouck. Il s’efforce néanmoins d’assurer, tant bien que mal, le fonctionnement des services publics. Mais quel désordre dans ce départ de la garnison de Lille ! M. Clemenceau n’a pas, malgré tout, entièrement tort.

À la fin de l’après-midi, nous sommes informés que vers dix-sept heures et demie, les Allemands sont entrés en masse à Saint-Quentin.

Comme les jours précédents, il nous vient de Saint-Pétersbourg une modeste fiche de consolation21. On nous affirme que l’offensive russe continue avec succès sur tout le front, qu’en Prusse orientale les troupes allemandes sont en pleine retraite sur Kœnigsberg et Allenstein, qu’en Galicie orientale les Russes marchent victorieusement dans la direction de Lemberg. Mirages lointains qui ne nous cachent ni les tristesses, ni les dangers, dont nous restons environnés.

D’après les journaux allemands, dont M. Beau nous envoie de Berne une brève analyse22, le gouverneur de Metz fait afficher l’avis suivant : « Dans la bataille autour de Nomény (Meurthe-et-Moselle) des civils ont pris part à la lutte contre nos braves troupes du 4e régiment d’infanterie ;