Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/209

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j’ai, en conséquence, ordonné comme châtiment que ce village serait entièrement brulé. Nomény est donc actuellement détruit. » Toujours le même prétexte, toujours la même barbarie. M. Beau nous fait également connaître le communiqué triomphal du grand état-major allemand23 : « Succès allemand sur toute la ligne. Klück a repoussé les Anglais et tourné la gauche française au sud-ouest de Maubeuge. Les armées Bülow et Hausen ont mené le combat entre la Sambre et la Meuse. L’armée du duc de Würtemberg a franchi la Semoy et la Meuse. L’armée du prince impérial a maintenant son front vers Longwy. Le prince royal de Bavière avance en Lorraine. L’armée Hoeringuen poursuit les Français dans les Vosges. »

Et partout le bluff s’enhardit. Le comte Bernstorff, ambassadeur d’Allemagne aux États-Unis, récemment revenu à Washington, multiplie les démarches et les entrevues pour tâcher d’égarer l’opinion américaine24. Il insiste sur le danger que présenterait une prédominance japonaise dans le Pacifique. Il grossit démesurément les succès des armées allemandes. Il manifeste la joie débordante d’un Germain qui croit son pays maître du monde. Mais ces exagérations mettent en défiance le bon sens américain et le World publie un article de fond, sous ce titre vengeur : « C’est la France qui dit la vérité. »

Un nouvel ambassadeur vient d’être nommé à Paris par le président Woodrow Wilson, en remplacement de notre excellent ami M. Myron T. Herrick. Il s’appelle M. Sharp et nous est