Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/217

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que, dans la première partie du combat, nos troupes, attaquant dans la direction de Saint-Quentin, ont eu l’avantage, mais que l’ennemi a ramené des renforts, empruntés à ses avant-gardes de la Somme et qu’il nous a finalement repoussés.

À neuf heures et demie du soir, un des officiers de liaison, le capitaine Rochard, m’apporte le bulletin quotidien, qui confirme le triste renseignement donné par M. Sébline. En revanche, le préfet de l’Aisne téléphone de Laon que nous avons obtenu un sérieux succès dans les environs de Guise. Une attaque très violente a débouché de la ville ; nous y avons fait face et, de ce côté, l’offensive allemande paraît momentanément enrayée. Mais nouvelle déception : la gauche de notre 5e armée est refoulée vers l’Oise. Malgré l’avantage partiel remporté près de Guise, la manœuvre montée par le G. Q. G. semble donc, une fois de plus, déjouée. L’attaque lancée par nous contre les quatre corps qui forment l’aile droite de l’ennemi n’a pas réussi et, en outre, une attaque allemande, entreprise sur l’aile droite et sur les derrières de l’armée Lanrezac, n’a pu être définitivement repoussée. Non seulement la marche des Allemands n’est pas arrêtée, mais nous risquons de nous voir gagner de vitesse et d’être accrochés dans notre retraite.

Le Conseil des ministres se trouve, par suite, amené à envisager l’éventualité d’un investissement de Paris. Millerand annonce froidement qu’en pareil cas et d’accord avec le général Joffre, il proposera, à la dernière heure, le départ du gouvernement, qui n’a pas, dit-il, le droit de se laisser couper et isoler de la nation. Il me semble