Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/224

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L’après-midi, devant un nouveau Conseil des ministres, comparaissent, à leur tour, MM. Dubost et Deschanel. Le premier est aujourd’hui fort maussade et mâche son râtelier en signe d’un mécontentement incoercible. Il prétend démontrer au gouvernement qu’en droit le cabinet ne peut se transporter où que ce soit, hors de la capitale, sans un vote des Chambres, que le siège des pouvoirs publics a été fixé à Paris par la loi de 1879, qu’il faut donc, si l’on veut partir, réunir d’abord le Parlement et lui soumettre un projet de loi pour le transfert. Il affirme, d’ailleurs, qu’il n’y aura pas dans les Chambres de débat intempestif sur les opérations militaires, qu’on retrouvera aisément l’unanimité du 4 août et que le gouvernement recevra d’une nouvelle manifestation parlementaire un supplément de force. M. Paul Deschanel parait vouloir s’effacer derrière son ainé ; il garde, à côté de lui, une réserve protocolaire ; il a reçu, déclare-t-il, des lettres de quelques députés qui réclament la convocation de l’Assemblée, mais il ne prend pas leurs demandes à son compte et, dans les circonstances présentes, il veut surtout rester d’accord avec le gouvernement. Après avoir donné la parole aux ministres qui la demandent, je conclus que sans préjuger aucunement la décision que prendra le Conseil et sans me prononcer moi-même, pour le moment, sur l’opportunité du départ demandé par le général en chef, je ne crois pas exacte la thèse juridique de M. Antonin Dubost. Il ne s’agirait, en aucun cas, de transférer ailleurs le siège permanent des pouvoirs publics ; il s’agirait seulement, au cas où les nécessités militaires ne permettraient pas au gouvernement de rester à Paris,