Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/238

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du général Joffre. Je maintiens néanmoins mon opposition et je me réserve de faire appel à une nouvelle délibération du Conseil.

Le ministre me donne des détails navrants. Toutes les espérances qui nous restaient sont brisées. Nous sommes en retraite sur toute la ligne. L’armée Maunoury se rabat sur le camp retranché. Pour la renforcer, on va essayer de décrocher le IVe corps, qui est au nord de Verdun, et de le ramener à Paris. Millerand a rencontré à l’ambassade d’Angleterre lord Kitchener et le maréchal French, qui sont venus tous deux pour le voir. J’avais proposé qu’on cherchât à leur ménager une rencontre avec le général Joffre C’était également le désir du ministre de la Guerre britannique. Mais French, qui supporte impatiemment l’autorité de Kitchener et qui, d’autre part, est assez jaloux de conserver, dans ses rapports avec Joffre, une pleine indépendance, a jugé inutile un rendez-vous que Millerand croyait, d’ailleurs, difficile d’organiser sans imposer à notre général en chef un dérangement fâcheux. Le field marshal propose maintenant que les Anglais et les Français ne se replient, d’abord, que sur la Marne. Il consentirait à retrancher l’armée britannique dans la région de Meaux. Mais il demande qu’en retour le général Joffre envoie des forces pour défendre la Seine en aval de Paris et qu’il augmente, en outre, les éléments de notre aile gauche. French conserve, comme il est naturel, la préoccupation dominante de ne pas être coupé de la mer. Le plan de Joffre est jusqu’ici tout différent. La 6e armée, se repliant sur Paris, avec une division de cavalerie — trois brigades, composée des restes du corps Sordet