Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/241

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par les 3e, 4e et 5e armées dans les régions de la Meuse et à Guise, le mouvement débordant effectué par l’ennemi sur l’aile gauche de la 5e armée, insuffisamment arrêté par les troupes anglaises et la 6e armée, oblige l’ensemble de notre dispositif à pivoter autour de sa droite. Dès que la 5e armée aura échappé à la menace d’enveloppement prononcée sur sa gauche, l’ensemble des 3e, 4e et 5e armées reprendra l’offensive.

Malgré le flot qui submerge la France et qui s’approche de nous, nous faisons, de chancellerie en chancellerie, notre tour d’Europe quotidien. L’ubiquité diplomatique de M. Sazonoff se manifeste, aujourd’hui encore, par des démarches que M. Paul Cambon trouve intempestives. Au moment même où nous offrons à la Turquie de lui garantir l’intégrité de son territoire, il veut promettre aux Bulgares la ligne Enos Midia12. Il désirerait, comme nous, que le Japon envoyât des troupes en Europe et il a prié M. Paléologue de suggérer cette idée au baron Motono, ambassadeur à Saint-Pétersbourg, qui est un excellent ami de la France13. Mais, pour le moment, le Japon ne veut se battre qu’en Asie, et le seul concours européen qu’il consente à nous donner est une vente de cinquante mille fusils et de vingt millions de cartouches, alors que nous lui avions demandé six cent mille fusils14. Plus utilement, M. Sazonoff dépense une partie de son ingéniosité à chercher une formule destinée à traduire l’engagement que vont prendre la Russie, l’Angleterre