Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/242

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et la France de ne pas conclure de paix séparée15.

Pendant que la diplomatie russe gaspille son activité, les armées du grand-duc Nicolas continuent de se battre avec des fortunes diverses. En Galicie, la décision se fait toujours attendre. En Prusse orientale, l’investissement de Kœnigsberg est à peu près terminé. En Prusse occidentale, au sud d’Osterode, les troupes russes ont subi, du 27 au 28 août, un échec sérieux et tenu jusqu’ici secret. Les Allemands ayant rassemblé dans la région toutes leurs troupes disponibles et les ayant renforcées avec les garnisons et l’artillerie lourde mobile des places de la Vistule, ont attaqué deux corps d’armée russes et leur ont infligé, paraît-il, des pertes considérables16.

J’apprends par un télégramme de Berne17 que la brave petite place de Montmédy, une des villes que j’ai si longtemps représentées au Sénat, a dû se rendre après une sortie malheureuse de la garnison, dont le commandant a été fait prisonnier ; et cette fois encore je sens plus fort peut-être dans les souffrances de la Meuse les souffrances du pays entier.

Pour bien connaître l’effet que produisent sur l’esprit de certains neutres nos échecs renouvelés, il n’est que de lire tout ce que nos ambassadeurs et ministres nous rapportent de Constantinople, Sofia, Bucarest, Athènes et notamment ces quelques mots de M. Bompard : « Thérapia, le 1er septembre 1914, 11 heures, reçu 18 h., n° 386 : Aux airs rogues que l’ambassadeur d’Allemagne avait pris tout d’abord vis-à-vis de son collègue