Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/243

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italien a bien vite succédé, sans doute sur un mot d’ordre de Berlin, une attitude engageante. L’ambassadeur d’Italie qui se montrait au début assez indifférent aux avances du baron de Wangenheim, y prête maintenant une oreille de plus en plus attentive, à mesure que l’armée allemande avance sur la route de Paris. Il semble que pour amener à elle l’Italie, l’Allemagne éveille ses convoitises sur la Tunisie. »

C’est le moment que choisit M. Clemenceau pour publier dans l’Homme libre des articles bien intentionnés, dont il ne mesure pas assez les graves répercussions. Nous recevons aujourd’hui un télégramme, parti hier de Casablanca (n° 805), où le général Lyautey se plaint vivement que des appréciations portées par l’ancien président du Conseil sur l’envoi de territoriaux au Maroc démoralisent nos troupes. « La campagne violente et pleine d’inexactitude, fomentée, menée par M. Clemenceau au moment des opérations de Taza, avait déjà posé ici de graves atteintes à la discipline et à l’autorité du commandement, sans qu’alors aucune parole officielle ait cru pouvoir en faire justice. Mais j’espérais qu’il ferait trêve au moins pendant la guerre. Il me serait impossible d’exercer mon commandement et de continuer à remplir une tâche si lourde et si ingrate, si un personnage d’une situation si notoire dans l’État continuait à propager ici le désordre et l’indiscipline. Je demande donc formellement au gouvernement, dans tout mon devoir de chef responsable, d’arrêter, en vertu de l’état de siège, cette campagne dissolvante pour l’état d’esprit des territoriaux. » Le gouvernement considère qu’il va se trouver dans l’obligation, si M. Clemenceau ne se surveille pas