Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/254

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Viviani, qui m’a fait signer hier le décret de clôture, songe maintenant à ne le plus promulguer, malgré la promesse faite au président du Sénat. Briand et Millerand craignent, au contraire, que si les Chambres restent en session, même sans siéger effectivement, les quelques intrigants qui s’agitent dans le vide ne trouvent un bouillon de culture favorable. Il est finalement décidé que le décret paraîtra. Je fais, du reste, remarquer à Viviani qu’il conviendra d’avoir à Bordeaux, comme à Paris, sous ma présidence, un Conseil des ministres quotidien et, dès demain matin, sera repris cet usage, qui peut seul assurer l’action solidaire et continue du gouvernement.


Vendredi 4 septembre

4 septembre… Le 4 septembre 1870, la France était, comme aujourd’hui, envahie par les armées allemandes et elle venait d’être battue à Sedan. Paris n’était pas encore menacé et cependant la nouvelle de la défaite avait suffi pour provoquer une révolution. Aujourd’hui, malgré le départ du gouvernement et malgré l’approche de l’ennemi, Paris est calme et la nation reste unie tout entière autour de ceux qui ont la lourde mission de la diriger. C’est à peine si elle connaît une petite cabale, montée à Bordeaux par quelques hommes politiques qui nous y ont suivis. Il s’agît encore de la clôture de la session. Viviani a été relancé, depuis quelques heures, par un groupe de protestataires. Maintenant que le décret a paru, ils voudraient qu’il fût rapporté. Ils ne siégeraient pas, disent-ils, mais au moins, ils auraient le droit de siéger. M. Dubost lui-même désirerait maintenant qu’on renonçât à une mesure qui n’a été prise