Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/255

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qu’à son instigation. Viviani serait assez enclin à la rapporter ; mais Ribot, Delcassé, Millerand sont très opposés à ce changement d’attitude. Ils ajoutent, d’ailleurs, que la seule manière légale de rouvrir la session, ce serait de convoquer les Chambres, ce que personne ne paraît demander. Après des consultations interminables, le gouvernement décide, et cette fois irrévocablement, de ne pas revenir sur sa détermination.

En Conseil, Ribot, Viviani, Millerand, parlent d’une combinaison qui permettrait d’acheter en Espagne une grande quantité de fusils de guerre. Comme le roi Alphonse XIII a chargé son ami M. Quinonès de Léon d’accompagner le gouvernement français à Bordeaux et de se tenir à notre disposition, je prie ce parfait diplomate de venir me voir et nous lui demandons, Viviani et moi, s’il croit la proposition sérieuse et acceptable. Il pense que le chiffre des fusils indiqué dépasse les possibilités, mais il espère que le roi autoriserait une cession moins importante. Il va partir pour Madrid et il se renseignera.

En Conseil aussi, le ministre de la Guerre donne connaissance d’un télégramme du général Joffre, qui complète les renseignements très vagues apportés ce matin par l’officier de liaison, commandant Herbillon. Les Allemands ne semblent pas encore avoir renoncé à leur tentative de tourner notre aile gauche. Leur cavalerie est venue à Château-Thierry et y a été aux prises avec celle de l’armée Lanrezac. Nos troupes continuent à se replier en bon ordre sur les positions choisies. De son côté, le général Gallieni a télégraphié qu’à Paris, aujourd’hui comme hier, tout allait bien et il a ajouté, sans autre explication, qu’il semblait