Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/256

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y avoir une occasion favorable à saisir. Nous nous demandons quel peut être le sens exact de cette phrase énigmatique et nous croyons comprendre que Gallieni se prépare à quelque offensive sur le flanc de l’ennemi. Nous ne savons pas encore que ce matin même, à neuf heures, renseigné par son aviation sur la déviation de von Klüek, il a prescrit au général Maunoury de pousser immédiatement des reconnaissances de cavalerie entre la route de Chantilly et la Marne, de marcher cette après-midi vers le flanc de l’ennemi, et de commencer, dès demain, un mouvement général à l’est du camp retranché20. Nous ne savons pas davantage qu’en même temps, Gallieni a fait téléphoner à Joffre pour lui indiquer que la disposition des armées adverses lui semble favoriser une offensive immédiate.

Peu à peu cependant nous arrivent quelques renseignements complémentaires. Le général en chef a couru à Melun chez le maréchal French, il lui a demandé de ne plus subordonner sa coopération à une inutile défense de la basse Seine et, ayant reçu une promesse inconditionnée de collaboration immédiate, il est revenu à grande vitesse jusqu’à son quartier général et d’un ton placide, il a dit à ses lieutenants : « Eh bien ! messieurs, c’est sur la Marne qu’on va se battre. »

De son côté, Gallieni est également allé à Melun et, le soir, il a reçu, par télégramme du quartier général anglais, confirmation du concours britannique pour les opérations du lendemain. Dès le commencement de l’après-midi, il a donné l’ordre