Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/264

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l’ouest de l’Argonne. Elle liera son action à celle de la 4e armée, qui a ordre de faire tête à l’ennemi. » — « Au moment où s’engage une bataille dont dépend le salut du pays, il importe de rappeler à tous que le moment n’est plus de regarder en arrière ; tous les efforts doivent être employés à attaquer et à refouler l’ennemi. Une troupe qui ne peut plus avancer devra, coûte que coûte garder le terrain conquis et se faire tuer plutôt que de reculer. Dans les circonstances actuelles, aucune défaillance ne peut être tolérée. »

Ainsi, d’après les ordres donnés, toutes nos armées vont exécuter, d’une extrémité à l’autre, une manœuvre immense. Elles doivent, en prenant l’offensive, tenter, à chacune des deux ailes, d’envelopper l’ennemi. À gauche, la 5e armée attaquera face au nord, pendant que la 6e et l’armée anglaise marcheront face à l’est sur le flanc des troupes allemandes, l’une dans la direction de Château-Thierry, l’autre vers Montmirail. La 9e armée, commandée par le général Foch, sera chargée de couvrir sur la droite le mouvement qu’exécutera la 5e. Elle aura sa droite derrière les marais de Saint-Gond et sa gauche au nord de Sézanne. À l’aile droite des armées, c’est la 4e qui cherchera à retenir les Allemands devant elle, pendant que la 3e, tournée face à l’ouest, les attaquera sur leur flanc gauche. L’ennemi sera donc, si l’opération réussit, comprimé aux deux extrémités par les mâchoires d’un étau gigantesque, tandis que, sur toute la ligne intermédiaire, il devra résister à une offensive générale. C’est notre va-tout que nous jouons, dans la plus grande bataille qu’ait jamais connue l’humanité.



21. Londres, n° 534.