CHAPITRE VI
Dimanche 6 septembre.
C’est donc aujourd’hui que, de la Meuse à l’Ourcq, vont s’affronter des peuples en armes. Notre éloignement ajoute à mon émotion. Ma pensée se tourne, en particulier, vers cette verdoyante vallée de l’Ornain où s’est écoulée mon enfance et où notre 3e armée est maintenant chargée de contenir l’ennemi. Dans ses instructions du 2 septembre, le général Joffre avait encore prévu que, pour suivre la retraite générale, Sarrail pourrait replier ses troupes, non seulement sur Revigny et Bar-le-Duc, mais éventuellement sur Joinville. Aussi bien, la plus grande partie du département de la Meuse a-t-elle dû être abandonnée à l’ennemi. Nous l’avons laissé s’emparer de l’excellent observatoire de Montfaucon, traverser la forêt de Hesse, remonter la vallée de l’Aire jusqu’à Beauzée. Notre 3e armée, qui doit opérer à l’aile droite, se trouve ainsi forcée de s’étirer de Verdun à Revigny, qui devient le point central de sa liaison avec la 4e et la charnière du