Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/273

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cherchons-nous pas à profiter de cette occasion ? Joffre s’en étonne et s’en indigne, mais l’armée d’Amade est, paraît-il, devenue l’armée fantôme.

M. Doumergue donne au Conseil de nouveaux renseignements sur les combats du Chari et du Cameroun. Les choses vont moins bien qu’au début. Nos troupes se heurtent à une assez vive résistance. Nous avons beaucoup d’officiers tués. L’Allemagne, qui espère tirer surtout de la guerre des avantages coloniaux, essaie d’ajouter à ses victoires d’Europe quelques succès africains.

Longue discussion à propos du ravitaillement civil, dont l’irrégularité nous vaut des doléances nombreuses. Il manque un service centralisé de contrôle et de coordination. C’est toute une organisation à improviser sous le feu de l’ennemi. M. Gaston Thomson s’y emploie avec le concours d’un administrateur émérite, M. Chapsal, mais l’invasion ne facilite pas leur besogne et, chaque jour, ils ont à prendre inopinément, sur les points les plus variés du territoire, de véritables mesures de sauvetage.

Dans la journée, coups de téléphone de Joffre et de Gallieni à Millerand. L’ennemi parait maintenant se replier, se dérober et refuser le combat. Les deux généraux semblent craindre qu’il ne cherche à nous manœuvrer, mais ils sont, nous disent-ils tous deux, résolus à ne pas subir sa loi.

Pour nous excuser auprès de M. et Mme Bascou du dérangement que nous leur avons causé, nous les avons invités à dîner ce soir sans cérémonie, dans la préfecture dont nous les avons expulsés, et nous avons convié avec eux M. et Mme Viviani,