Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/272

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dans les meilleures conditions stratégiques, mais maintenant la parole est à la tactique et, depuis le début de la guerre, il ne lui est que trop souvent arrivé de tromper les espérances de sa grande sœur. Le commandant en chef estime que nous avons, à notre aile gauche, la valeur de neuf corps contre sept et que l’armée Maunoury, appuyée par l’armée Franchet d’Esperey et par les Anglais, est en mesure de prendre utilement l’offensive, pendant que, à l’autre aile, l’armée Sarrail attaque vers l’Argonne. Au centre, la 4e et la 9e armées, ont l’ordre de se borner, d’abord, à résister et à tenir.

Au Conseil des ministres, Millerand donne connaissance de télégrammes qu’il a reçus de Joffre et de Gallieni et qui confirment les premières impressions favorables. Le IIe corps allemand a dû repasser le Grand-Morin. Les avant-gardes ennemies se sont repliées. Notre 5e armée marche en avant. Mais le général Gallieni réclame des canons de 75 et des mitrailleuses. Le ministre de la Guerre redoute qu’à cet endroit, nous ne soyons exposés à quelques mécomptes. De fait, la lutte est dure pour notre 6e armée, qui a à subir des contre-attaques et qui prend, perd et reprend Marcilly, Barcy, Acy-en-Multien, Etavigny.

Aucune nouvelle de l’armée d’Amade. D’après le G. Q. G., elle aurait eu beau jeu à se jeter sur le flanc et sur les derrières de l’armée von Klück. Il n’y a plus, paraît-il, dans la région du Nord et du Pas-de-Calais que très peu de forces allemandes. À Lille, notamment, il ne reste pas un soldat ennemi. Deux auto-mitrailleuses françaises, venant de Dunkerque, y sont entrées hier, aux acclamations des habitants libérés. Comment ne