Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/279

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également dans l’Est, du côté de Sermaize et sur l’Ornain. Les télégrammes se terminent par ce mot inexpliqué, qui achève de me troubler : « Attaque sur Nancy. » D’autre part, il semble bien que Maubeuge soit réellement tombé et que la garnison soit, en grande partie, prisonnière. D’après une dépêche du préfet du Nord six cents hommes se seraient échappés de la place par la Belgique et seraient revenus à Lille. Les forts de construction récente résistent encore. Le gouverneur a quitté la ville pour s’enfermer dans l’un d’eux.

On a enfin retrouvé l’armée d’Amade. Composée de réservistes et de territoriaux, elle vient à peine de se reformer, malgré l’insistance que le gouvernement et moi nous avons mise à demander cette reconstitution. Trop d’officiers de l’active ne font malheureusement pas encore le moindre crédit à nos réserves ; ils les dédaignent et les croient presque inutilisables, alors que, de toute évidence, elles deviendront de plus en plus la substance vitale des armées. Dans la région de Lille, d’Arras, d’Amiens, il n’y a plus que des éléments de landwehr. Nous les avons laissés occuper les villes, terroriser les populations, emmener des blessés prisonniers, réquisitionner des denrées. Quelques milliers de Français auraient eu raison de ces patrouilles dispersées ; ils auraient harcelé les derrières de l’ennemi et ils auraient efficacement coopéré avec les Belges, qui désireraient avoir près d’eux vingt-cinq mille hommes de troupes britanniques ou françaises pour assurer les communications terrestres d’Anvers avec la France3.