Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/297

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

avisé pour avoir tiré cette indication de son cru ; il a dû être poussé à nous la donner ; et elle révèle un état d’esprit que nous nous garderons soigneusement d’encourager, soit à Rome, soit à Bucarest.

D’après ce que M. Lahovary a, de son côté, confié à Delcassé, le roi Carol reste, d’ailleurs, complètement sous l’influence de l’Allemagne et de l’Autriche. Guillaume Il lui aurait écrit pour lui garantir, dès maintenant, la possession de la Bessarabie, si la Roumanie pouvait la conquérir, et pour lui promettre l’annexion de la Transylvanie à échéance de quelque vingt ans, c’est-à-dire, a-t-il précisé, au moment où l’Autrichce-Hongrie viendrait à se désagréger. L’empereur d’Allemagne, qui a déclaré la guerre dans l’espoir de reculer cette perspective de la dissolution austro-hongroise, considère-t-il donc cette issue comme inévitable ?

Joffre reçoit du grand-duc Nicolas ce télégramme : « 12 septembre. La bataille générale engagée en Galicie il y a dix jours se termine par une grande victoire de nos armées. Les trophées enregistrés pour les journées des 8, 9 et 10 septembre se chiffrent par cent canons et trente mille prisonniers dont deux cents officiers. Les armées autrichiennes battent en retraite sur tous les fronts, poursuivis par nos troupes. Je suis heureux de vous annoncer cette nouvelle au jour même où j’apprends les succès remportés par les vaillantes armées françaises et anglaises. » C’est très bien et nous applaudissons cordialement à ces victoires russes. Mais il semble qu’en Prusse orientale, les Allemands ont repris l’avantage et que la Russie, contrairement à nos demandes répétées, porte son principal effort contre l’Autriche, comme si