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quelles ruines l’ennemi n’aura-t-il pas laissées derrière lui dans ces riantes contrées où il n’est pas un village, pas un cours d’eau, pas une forêt, qui ne me soient familiers ?



20. Voir colonel HERBILLON « De la mobilisation à la Marne », Revue de France, 1er septembre 1928.
21. Petrograd, 15 septembre, nos 607 et 609.


Mercredi 16 septembre

La poursuite commencée par nos troupes après la bataille de la Marne, et malheureusement interrompue pas un court repos, a atteint sur tout le front, hier et avant-hier, les arrière-gardes allemandes, qui se sont arrêtées pour nous faire face et qui se trouvent maintenant renforcées par le gros de leur armée. Une nouvelle bataille générale va donc s’engager sur la ligne où l’ennemi a rapidement entrepris des organisations défensives, ligne qui s’étend de l’Oise à l’Argonne, par la région de Noyon, les plateaux au nord de Vic-sur-Aisne et de Soissons, le massif de Laon, les hauteurs voisines de Reims et les environs de Ville-sur-Tourbe. Les positions allemandes, déjà préparées, se prolongent à l’est de l’Argonne, de Varennes, à la Woëvre par le nord de Verdun. En avant de Lunéville et de Saint-Dié libérés, notre sol est à peu près débarrassé de l’étranger. Mais, pour les combats que nous allons avoir à livrer contre un ennemi savamment retranché, aurons-nous, dès demain, des troupes encore assez fraîches, assez d’artillerie et assez de munitions ? Hier, un télégramme de Joffre (n° 5342) a prudemment invité nos armées à prendre des mesures méthodiques et à organiser progressivement le terrain conquis. Le général en chef n’entend pas que recommencent les illusions et les fautes de la première heure. Si les Allemands se fortifient devant nous, posséderons-nous, en dehors du courage, tout ce qu’il faut pour les déloger ?