Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/312

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Nous voudrions du moins être soulagés par la Russie de la pression qui s’exerce sur nous. Delcassé a prié M. Paléologue d’insister encore auprès de M. Sazonoff pour que l’offensive russe se portât sans retard contre l’Allemagne. Après avoir vu l’empereur, M. Sazonoff a répondu22 : « Aussitôt que les armées autrichiennes de Galicie auront été anéanties, on peut être certain que l’offensive directe contre l’Allemagne se manifestera vigoureusement. » Mais quand les armées autrichiennes de Galicie seront-elles anéanties ? Sans doute, les troupes russes ont franchi le San et poursuivent l’aile gauche autrichienne, qui, nous dit-on, fuit en déroute. Sans doute, le centre et l’aile droite de l’armée autrichienne ont été rejetés sur Przemysl23. Sans doute, d’après un dernier télégramme que nous envoie aujourd’hui M. Paléologue24, les armées autrichiennes évacuent la Galicie, laissant derrière elles 25 000 morts ou blessés et 100 000 prisonniers ; et les corps allemands venus à leur secours battent eux-mêmes en retraite. Mais alors quel besoin la Russie a-t-elle d’attendre un plus complet anéantissement des armées autrichiennes de Galicie avant d’agir résolument contre l’Allemagne ? Pour le moment, la 1re armée russe a totalement abandonné le territoire de la Prusse orientale et il ne nous est plus soufflé mot de l’investissement de Kœnigsberg25.

Notre victoire encourage, du moins, quelques-uns de nos amis. En Roumanie ont lieu de grandes manifestations en l’honneur de la France. M. Philipesco,