Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/343

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avait, dans une salle particulière, des Allemands qui, atteints du même mal, poussaient des cris et des gémissements. Les Français, me dit la sœur supérieure, sont en général plus patients et plus courageux. Il est vrai qu’à leurs souffrances physiques ne s’ajoute pas ici la tristesse de la captivité. Mais nous avons là-bas, nous aussi, des blessés qui ont à supporter la double épreuve, et à la vue de ces Allemands qui se désolent comment ne pas penser aux prisonniers français, qui souffrent sur une terre étrangère ?

Par un singulier contraste avec les salles d’hôpitaux, les rues et les faubourgs que j’ai parcourus étaient animés d’une population joyeuse et endimanchée, qui paraissait tout oublier de la guerre, mais sous ces gais atours, combien n’y avait-il pas de cœurs secrètement oppressés !

Par le commandant Herbillon, le G. Q. G. me fait dire que la « décision » peut maintenant tarder jusqu’à mercredi. Une fois encore, nous avons rencontré à notre aile gauche plus de forces que nous ne pensions et nous allons, sans doute, être amenés à transporter de nouvelles troupes vers la Somme. Le XIe corps, prélevé sur la 9e armée, est entré en ligne aujourd’hui, mais il ne suffit pas pour assurer le succès de notre opération. Comme le commandement désire que la bataille soit terminée avant notre visite au G. Q. G., nous sommes obligés, Millerand et moi, d’ajourner notre départ à jeudi.

Les Anglais continuent méthodiquement la conquête des colonies britanniques. Le fort de Friedrich Wilhelm, capitale de la Nouvelle-Guinée allemande, a été occupé par les forces australiennes.