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du lycée, un très beau discours, qu’un nombreux auditoire de maîtres, de parents et d’élèves a chaleureusement applaudi. Il a dégagé, en termes émouvants, la signification de la guerre, à fait un magnifique éloge du soldat français et, tourné vers la jeunesse, s’est écrié : « Là-bas, l’ouragan de mitraille fauche une moisson humaine. Voici déjà l’autre moisson qui se lève. Elle sera belle, elle sera forte. Elle germe d’un sol ruisselant de sève héroïque et, pour mûrir, elle aura le plus beau des soleils, celui de la victoire23. »



21. D’Anvers, n° 495.
22. De M. Paul Cambon, n° 745.
23. Voir L’Instruction publique et la guerre, par Albert SARRAUT. Henri Didier, éditeur, Paris, 1916, p. 11 et suivantes.


Samedi 3 octobre

Nous savons de source secrète et sûre qu’il est intervenu une convention entre la Roumanie et l’Italie et que ces deux puissances ne sortiront de la neutralité qu’après s’être consultées et concertées. Laissons-leur donc le loisir et la liberté de la décision.

Nouvelle journée d’anxiété. Le colonel Pénelon, venu du quartier général, y a laissé le général Joffre « désespéré » par une conversation avec le général Gaudin, qui lui a fait connaître l’impossibilité d’obtenir, avant de longues semaines, 50 000 coups de 75 par jour. Le général Joffre déclare que la situation stratégique n’a jamais été meilleure, mais que le défaut de munitions le frappe de paralysie. Il a décidé que sur les 450 coups qui restent par pièce on n’en dépenserait que 300 d’ici au 10 octobre. À cette date, il resterait donc seulement 150 coups par pièce, plus les 10 000 de la fabrication quotidienne, plus les 100 000 obus en