Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/358

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fonte des écoles à feu, plus 60 000 obus ramassés, çà et là, plus, si les Allemands ne sont pas rentrés à Douai depuis hier, les 100 000 obus en fonte si singulièrement oubliés dans cette ville. Tout cela additionné nous laisse bien démunis.

Seconde cause d’inquiétude. Joffre prévient le ministère de la Guerre que la situation tactique est très sérieuse à Arras, par la faute d’un des corps actifs qui, porté de ce côté, se serait mal engagé. En outre, près de Roye, nous aurions été très violemment attaqués et nous n’aurions que « sensiblement » maintenu nos positions. Dans la soirée, cependant, le G. Q. G. nous envoie de moins mauvaises nouvelles. Tous les jours, ce sont les mêmes alternatives de longues craintes et de courtes espérances.

Le gouvernement belge a décidé de se transférer à Ostende aujourd’hui. Le roi se retirera à la tête de son armée de campagne. La place compte tenir encore huit jours. On nous demande instamment de prendre toutes mesures, soit pour dégager Anvers par une prompte diversion, soit pour aider l’armée belge dans sa retraite forcée24.

Mais nos dispositions sont encore changées. Au lieu de la division territoriale de Paris, le général Joffre, par une heureuse et soudaine inspiration, préfère maintenant qu’on envoie en Belgique une brigade de fusiliers marins. Jusqu’ici ils ne sont pas engagés dans la guerre navale. Ils sont gens à servir aussi bravement sur la terre belge que sur des rives lointaines.

Le gouvernement portugais offre, de son côté, à l’Angleterre, de mettre en France à la disposition