Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/368

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durant le même laps de temps, de renforcer à notre gauche le détachement de Maud’huy. Or, nous répète le général en chef, la manœuvre en cours a toujours pour objet principal de déborder l’aile droite allemande et de la culbuter. Il est donc d’un intérêt capital que les troupes transportées à gauche, qu’elles soient anglaises ou françaises, concourent toutes à cette même opération dès leur débarquement, faute de quoi le succès de la manœuvre en cours serait gravement compromis. Le général Wilson, venu au G. Q. G. français pour y exprimer la pensée de French, a prévenu Joffre que l’intention du field marshal était d’attendre, avant de les engager, que toutes ses forces fussent réunies. Il est malheureusement probable que, dans l’intervalle, l’ennemi ne nous laissera pas en repos. S’il nous attaque, c’est peut-être, dit Joffre, un combat décisif qui s’engagera et il serait infiniment regrettable qu’à ce moment même, un certain nombre de divisions britanniques fussent retenues dans l’inaction. Ces considérations ont été exposées par Joffre à French dans une note récente, dont le général en chef me remet copie. Il me prie de faire également agir le gouvernement français auprès de lord Kitchener, pour que les divisions anglaises puissent s’engager, comme les nôtres, aussitôt débarquées, sans attendre que soit totalement achevée leur réunion. Je signale cette demande à Viviani et à Millerand, qui vont, avec moi, en saisir Delcassé.

Joffre, à qui Millerand a fait savoir que le gouvernement ne croyait pas possible de retirer au général Gallieni sa lettre de service et son titre éventuel de généralissime, consent volontiers, nous dit-il, à prendre Foch comme adjoint, sans lui