Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/367

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riche d’imagination, mais nerveux et impulsif ?

Nous examinons ensemble l’état des munitions. Il nous est impossible de concilier les calculs du G. Q. G. avec ceux du général Gaudin. Nous prions Joffre de vérifier encore les chiffres de ses collaborateurs. De toutes façons, un grand effort reste à faire pour mettre la fabrication en harmonie avec les besoins et il est possible que, pour avoir la main-d’œuvre suffisante, nous soyons forcés tôt ou tard de mobiliser dans les usines un certain nombre des ouvriers qui sont au front. Mais c’est une solution qui ne paraît pas séduire le G. Q. G.

Joffre me remet une note détaillée au sujet du transport des troupes britanniques. Le maréchal French a demandé qu’elles reprissent dans le dispositif général des armées alliées la place qu’elles occupaient au début de la campagne, c’est-à-dire l’aile gauche. Cette position s’est trouvée modifiée par la création de l’armée Maunoury, puis par le déplacement de l’armée Castelnau, enfin plus récemment par la formation du détachement de Maud’huy. Aujourd’hui, l’armée anglaise tient, sur la rive droite de l’Aisne, un front compris entre ceux de la 5e et de la 6e armées. Après entente avec le maréchal French, il a été convenu, tout d’abord, qu’en maintenant jusqu’à nouvel ordre ses positions actuelles, l’armée anglaise pourrait immédiatement retirer son IIe corps, qui serait transporté dans la région du Nord. Ce mouvement est en voie d’exécution. Il sera terminé le 9. Sur une nouvelle demande de French, des dispositions ont été prises pour déplacer également le IIIe corps, qui suivra le IIe. Ces transports successifs amèneront pendant près de dix jours une coupure de l’armée britannique en deux tronçons et nous empêcheront,