Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/386

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Le G. Q. G. n’attribue plus la faute commise au général Sarrail, qui était obligé de faire face de deux côtés à la fois et n’avait pas assez de forces pour y suffire, mais il reconnaît que nous nous sommes laissé surprendre sur les côtes et que cet échec peut avoir de graves conséquences. La voie ferrée de Lérouville à Verdun et le canal latéral de la Meuse sont tous deux coupés maintenant à hauteur de Saint-Mihiel. Les communications de Verdun avec la ligne de Paris-Nancy et avec le canal de la Marne au Rhin sont donc devenues impossibles. Le camp retranché est, en réalité, investi à l’est par la Woëvre, au sud par la vallée de la Meuse. Nous pouvons nous attendre à ce que tôt ou tard les Allemands prononcent des attaques par le nord-ouest et essaient de couper le chemin de fer de Châlons à Verdun pour isoler complètement la place. La chute d’Anvers va leur permettre en même temps d’amener leurs gros mortiers de siège du côté d’Ëtain et les forts de Verdun ne tarderont sans doute pas à être copieusement bombardés.

M. Couyba, ancien ministre du premier cabinet Viviani, me télégraphie qu’il est à Sampigny avec M. Grosdidier, sénateur et maire de Commercy, que les Allemands continuent à bombarder le Clos et que le seul objet du rez-de-chaussée qui soit resté intact est un bronze Pro Patria offert l’an dernier par ma ville natale. Exception symbolique qui me consolerait, s’il en était besoin, de la perte de tant d’autres souvenirs.

Il nous arrive d’Ostende des nouvelles singulièrement plus tristes que celles du Clos. L’armée belge de campagne a quitté la place d’Anvers et s’est retirée, à l’abri du canal de Gand, vers la