Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/463

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Il a échoué grâce à nos armées du Nord, dont le groupe a été placé le 4 octobre sous les ordres du général Foch. Il a échoué malgré la chute d’Anvers et malgré la retraite forcée de l’armée belge. Il a échoué malgré le retard inévitable de la concentration anglaise. Il a échoué malgré l’insuffisance numérique des troupes françaises, qui a rendu nécessaire, du 18 octobre au 12 novembre, l’envoi échelonné de renforts de toutes armes. C’est du 23 octobre au 13 novembre que l’offensive allemande s’est produite et développée, autour d’Ypres, avec la persistance la plus redoutable. Les opérations ont été aussi actives de Nieu-port à Dixmude que de Dixmude au nord d’Ypres et d’Ypres jusqu’à la Lys. Les Belges et les Anglais nous ont donné, dans cette lutte furieuse, d’admirables gages de leur esprit de solidarité. Finalement, le plan de l’état-major ennemi est déjoué. Le kaiser n’aura pas sa guerre courte, fraîche et joyeuse. Il ne lui aura servi à rien d’essayer de nous terroriser par l’incendie et le meurtre. Nous restons debout, en face des Allemands.


Dimanche 22 novembre

Le général de Laguiche ne se trompait pas en flairant un piège dans la retraite des armées allemandes. Elles prononcent aujourd’hui une nouvelle offensive sur Varsovie.

D’autre part, lord Kitchener nous prévient que, d’après certains renseignements qu’il a reçus de l’Intelligence Service, l’ennemi se préparerait à faire une tentative désespérée pour briser nos lignes entre la Bassée et la mer. L’empereur aurait donné l’ordre de percer, à tout prix, notre front pour atteindre Calais. Cent mille hommes