Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/470

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« Irrésistible force d’idéal qui, depuis le début de la campagne, a permis à nos troupes de développer leurs qualités acquises et d’en gagner de nouvelles, de s’adapter à la pratique de l’organisation défensive sans perdre leur mordant, de résister également à la fatigue des combats ininterrompus et à la courbature des longues immobilités, de se perfectionner, en un mot, sous le feu de l’ennemi, tout en conservant, au milieu des mille nouveautés de la guerre, leur entrain, leur fougue et leur bravoure.

« Le jour où il deviendra possible de passer en revue quelques-uns des actes de dévouement et de courage qui s’accomplissent quotidiennement parmi vous, il sera démontré par les faits que jamais, au cours des siècles, la France n’a eu une armée plus belle et plus consciente de ses devoirs. Cette armée, d’ailleurs, ne se confond-elle pas avec la France elle-même ? et n’est-ce pas la France, la France tout entière, sans acception de partis ou de conditions sociales, qui s’est levée, à l’appel du gouvernement de la République, pour repousser une agression perfidement préméditée ? Tous les citoyens, groupés sous les drapeaux, n’ont plus qu’un cœur et qu’un esprit ; et les vies individuelles sont prêtes à s’anéantir devant l’intérêt général. Dans ce sublime élan d’un peuple libre, les représentants du pays n’ont pas été les moins jaloux de payer leur dette à la patrie ; et les présidents qui sont venus offrir aujourd’hui à l’armée les vœux des deux assemblées souffriront que je me joigne à eux pour envoyer d’ici un souvenir ému aux membres du Parlement tombés, morts ou blessés, sur les champs de bataille.

« Les deuils et les horreurs de cette guerre sanglante