Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/480

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la-Forêt. Le général Dubail, simple, modeste, à la fois doux et résolu, m’explique avec beaucoup de clarté les opérations de son armée. Mercredi dernier, pendant que tombait la première neige de l’année, le VIIIe corps a été violemment attaqué sur un de ces saillants dans le bois de la Louvière. Un bombardement de Minenwerfer, que notre artillerie est impuissante à éteindre, a fait évacuer par nos troupes une partie de leurs tranchées, qui «ont tombées aux mains de l’ennemi3. Malgré de vives contre-attaques, nous n’avons pas réussi à reprendre le terrain perdu. Hier, la droite du VIIIe corps a été, à son tour, violemment bombardée au sud-ouest de la redoute du Bois Brûlé. Nous avons encore évacué une tranchée. Le général Dubail est préoccupé de ces échecs répétés. Les Allemands ont essayé, toute la nuit, de profiter de leurs avantages et leurs attaques ont repris ce matin avec un redoublement d’activité. Le général Dubail a donné, avant mon arrivée, au général de Mondésir l’ordre de tenir coûte que coûte sur la redoute assaillie et de monter lui-même, le plus tôt possible, une attaque distincte sur la croupe boisée à l’ouest du Bois Brûlé, pour obliger l’ennemi à diviser ses efforts4.

La gentille petite ville de Commercy, berceau de ma vie parlementaire, est remplie de réfugiés des communes voisines, occupées ou menacées par les Allemands. Dans la Woëvre, dans la vallée de la Meuse, les habitants, chassés par la bataille