Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/487

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vers nous. Nous faisons une courte station à la mairie. J’exprime aux habitants, avec me» sympathies pour leurs épreuves, mes félicitations pour leur conduite et leur délivrance. Puis, nous remontons, une fois de plus, en automobile et nous nous dirigeons vers ce qui fut Gerbéviller : pauvre ville martyre, dont toutes les maisons ont été incendiées par les Allemands. Il ne reste que des pans de murs noircis et des amas de décombres, au-dessus de quoi l’église, éventrée par les obus, dresse en un dernier geste de prière les débris de son clocher. À la demande de M. Mir-man, et avec l’assentiment de Viviani, je remets la croix de la Légion d’honneur à la sœur Julie, supérieure de l’hôpital, qui, de l’avis unanime des représentants du pays, s’est admirablement comportée pendant toute la durée de la bataille. Aidée de quatre autres sœurs de Saint-Charles, elle a soigné les blessés et ravitaillé de pauvres gens menacés à la fois par la mitraille et par la faim. Dubost prétend qu’il a entendu dans la foule quelques protestations discrètes contre cette décoration et il craint qu’elles n’aient été inspirées par des raisons politiques. Mais M. Mirman le rassure et nous affirme que, tout au contraire, l’accord est complet entre tous les partis sur le rôle de la sœur Julie, et que les seules opposantes sont quelques femmes trop avides qui se plaignent d’avoir été un peu rationnées dans l’intérêt des plus malheureuses7.

Nous nous séparons de Dubail à Neuves-Maisons, où se trouve son quartier général et où il