Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/490

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craindre que la victoire des Russes ne soit moins décisive que le chef d’état-major général ne le pensait d’abord. En tout cas, elle dure encore11. » La Russie nous met de plus en plus au régime des nouvelles alternées. Un jour d’espoir, un jour de déception. Il est possible, après tout, que le gouvernement russe n’en sache pas beaucoup plus que nous.

De Serbie, les informations sont encore moins rassurantes. On signale des symptômes de découragement dans les troupes de la lre armée et même des paniques parmi les jeunes recrues récemment incorporées12. Le prince régent ne quitte pas le front ; il s’efforce de rendre confiance aux soldats et leur donne l’exemple du courage13.

J’apprends par un télégramme de Delcassé que le roi d’Angleterre arrive en France pour visiter les armées du maréchal French. Viviani pense, comme moi, qu’il est convenable que j’aille le saluer. Le colonel Pénelon, qui est revenu de l’Est avec nous, téléphone au quartier général britannique pour préparer la rencontre. Nous prenons rendez-vous pour demain à Merville.

Le cardinal Amette a communiqué à M. Jules Cambon, qui vient m’en informer, une lettre du cardinal Gasparri. Le pape désirerait obtenir des puissances belligérantes une trêve pour la journée de Noël. Le Saint-Père ne veut donner suite à ce projet que s’il a des chances d’être accueilli et il a chargé l’archevêque de tâter le terrain. M. Jules Cambon a répondu au cardinal Amette qu’il n’avait pas qualité pour émettre un avis,