Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/498

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J’aurais voulu assister ce matin à ses modestes obsèques, d’autant qu’il ne pourra point, avant la fin de la guerre, être transporté là-bas, dans l’étroit cimetière où reposent les siens, au pied de la pauvre église où ma grand-mère a si souvent prié, pendant que mon grand-père chassait le loup et le sanglier. De tous les droits que me refusent mes fonctions, celui d’être moi-même est assurément celui que je regrette le plus. Dès mon retour, me voici accaparé par le Conseil des ministres et je ne puis même pas suivre le convoi d’un ami de mes parents.

Entre autres questions importantes, nous avons à régler celle qui concerne le gouverneur militaire de Paris. Millerand fait siennes les conclusions du général Joffre. Il voudrait qu’on remplaçât immédiatement Gallieni par Maunoury et que l’on confiât au premier, à titre de compensation, le commandement des troupes de l’intérieur. Le ministre de la Guerre demeure, d’autre part, comme le général en chef, nettement opposé à l’idée d’une rentrée officielle et définitive du gouvernement à Paris. Viviani, qui a conféré hier avec Gallieni, préférerait qu’on lui donnât, de préférence, un rôle actif avec le commandement d’un groupe d’armées, mais, d’après ce que nous dit le colonel Pénelon, Joffre ne paraît guère disposé à accepter cette solution. Il a été autrefois aux colonies sous les ordres de Gallieni. Il craint qu’il ne soit difficile à ce dernier d’être aujourd’hui directement sous les siens et de s’adapter à cette subordination. Viviani pense, au surplus, comme Millerand, que mieux vaut ne pas rentrer officiellement à Paris avant qu’il se soit produit de nouveaux événements militaires. Il serait