Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/499

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d’avis que le gouvernement y revînt par petits paquets, vers le 10 décembre, qu’il y restât, en fait, jusqu’à la prochaine session parlementaire et qu’on n’annonçât le retour définitif que vers le 20 janvier. Sa préoccupation, me dit-il, est d’éviter que les Chambres, voyant les ministres réinstallés à Paris, n’émettent la prétention de siéger en permanence pendant la session ordinaire de 1915, c’est-à-dire de janvier à la fin de juin. La Constitution leur donne ce droit et seules, dans cette période, elles peuvent se mettre en congé. Je réponds que ces considérations d’ordre politique sont, à l’heure présente, tout à fait secondaires. « L’autorité militaire, dis-je, a déjà fait commettre au gouvernement une lourde faute, lorsqu’elle lui a dicté l’heure et les conditions du départ de Paris. Si nous avions seulement tardé quarante-huit heures, comme je le désirais, nous ne serions sans doute pas partis. Ce serait aujourd’hui une faute nouvelle, et beaucoup plus lourde cette fois, si, avant d’avoir démontré à Paris, par notre propre présence, que la ville est désormais en pleine sécurité, on diminuait la garnison et on remplaçait le gouverneur. Il ne faut rien faire avant d’être en place. Personnellement, d’ailleurs, je préfère une rentrée immédiate et définitive. Mais si vous voulez, malgré tout, réserver l’avenir, arrangez-vous, du moins, pour rentrer tous en fait, pour ramener à Paris les administrations, pour inviter le corps diplomatique à y revenir lui-même et, lorsque tout le monde sera réinstallé, on cherchera avec Gallieni un parti qui lui donne satisfaction. On pourrait, par exemple, lui maintenir son gouvernement militaire, tout en lui donnant le commandement en