Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/528

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demain, si ce n’est aujourd’hui même. Or, les Rémois sont unanimes à déclarer que les prétextes imaginés par l’état-major impérial pour justifier cette cynique violation du droit des gens sont inventés de toutes pièces. Jamais il n’a été installé au sommet du monument des mitrailleuses contre avions ni, à plus forte raison, des canons, comme a voulu le faire croire un communiqué de l’Agence Wolff. Jamais, il n’y a eu dans le voisinage, moins encore à l’intérieur, des hommes réunis ou du matériel de guerre déposé. Jamais la cathédrale n’a servi d’observatoire militaire. Cet attentat renouvelé reste donc sans excuse5.

Tout bouleversé par cette vision d’épouvante, je ne puis me décider à m’éloigner. Mais le temps passe. Il faut que je cause un peu avec les habitants, que je distribue quelques secours. Le soir tombe. Je quitte à regret la malheureuse ville des sacres et je reviens à Paris par Dormans, Château-Thierry et Meaux.

En rentrant à l’Élysée, j’apprends que, dans la journée, des obus allemands sont tombés sur Commercy. Comme la Champagne, ma Lorraine a sa large part des malheurs qui frappent la patrie.



4. Voir L’Europe sous les armes, p. 308.
5. Voir la Cathédrale de Reims, par Mgr LANDRIEUX, évêque de Dijon, ancien archiprêtre de la cathédrale de Reims. Paris, librairie Renouard, H. Laurens, Paris, 1919.


Lundi 14 décembre

Le généraJ von der Goltz, allant à Constanti-nople comme il serait allé dans une colonie allemande, s’est arrêté deux jours à Sofia, comme dans une autre possession impériale. Il a fait remettre au roi Ferdinand une lettre autographe du kaiser. Après avoir lu ce message, le roi, qui d’abord n’avait