Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/542

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libération définitive de l’Europe, gagnée par une paix pleinement victorieuse. C’est le cri qui s’est échappé de toutes les poitrines, lorsque, dans la séance du 4 août, s’est levée, comme l’a si bien dit M. le président de la République, l’union sacrée qui, à travers l’histoire, sera l’honneur du pays. » Le gouvernement a ensuite précisé de nouveau, devant une Chambre unanime à l’applaudir, les origines et les responsabilités de la guerre : « Au premier jour du conflit, l’Allemagne niait le droit, elle appelait la force, elle méprisait l’histoire et, pour violer la neutralité de la Belgique, elle invoquait l’unique loi de l’intérêt. Depuis, son gouvernement a compris qu’il lui fallait compter avec l’opinion du monde et il a récemment tenté une réhabilitation de son attitude en essayant de rejeter sur les alliés la responsabilité de la guerre. Mais, au-dessus de tous les pesants mensonges qui n’abusent même pas les crédulités complaisantes, la vérité est apparue. Tous les documents publiés par les nations intéressées et, hier encore, le sensationnel discours d’un des plus illustres représentants de la noble Italie, témoignent de la volonté depuis longtemps arrêtée par nos ennemis de tenter un coup de force. Si besoin était, un seul de ces documents suffirait à éclairer le monde : lorsque, à la suggestion du gouvernement anglais, toutes les nations en présence furent sollicitées de suspendre leurs préparatifs militaires et d’instituer une négociation à Londres, le 31 juillet 1914, la France et la Russie adhérèrent à ce projet. La paix était sauvée, même à cette heure suprême, si l’Allemagne avait suivi cette initiative. Or, l’Allemagne brusquait la situation, déclarait, le 1er août, la guerre à la Russie et rendait l’appel aux armes