Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/95

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efforts au maintien de l’équilibre balkanique41 ».

À Sofia, M. Radoslavoff a promis à M. de Panafieu que la Bulgarie, elle aussi, « dans les circonstances actuelles, » garderait la neutralité42. Reste la Grèce, où le fin Crétois qu’est M. Venizelos scrute l’horizon d’un regard pénétrant. « Si la Turquie et la Bulgarie attaquent la Serbie, a-t-il dit à M. Dcville, la Grèce entrera en ligne contre les deux agresseurs. En ce cas, sera-t-elle considérée comme alliée de la Triple-Entente43 ? » M. Doumergue fait part de cette question à Londres et à Saint-Pétersbourg. Il propose d’y répondre affirmativement.

M. Georges Clemenceau m’envoie son frère Paul, l’ingénieur, pour m’annoncer que M. Tittoni est maintenant acquis à l’idée d’une alliance active. Je voudrais que cette conversion fût accomplie. Malheureusement, nous avons les meilleures raisons de penser que, si elle s’est opérée dans le cœur de l’éminent diplomate, il s’est gardé d’en avertir son gouvernement. Il s’est contenté de rendre compte à Rome des conversations successives qu’il a eues avec MM. Briand, Clemenceau, Léon Bourgeois, Doumergue et moi. Il s’est prudemment abstenu de conclure. De son côté, M. Camille Barrère, qui connaît bien l’Italie, persiste à croire qu’il serait dangereux de brusquer les choses. L’ambassadeur d’Angleterre a vu le président du Conseil, M. Salandra. Il lui a dit que la Grande-Bretagne, comme la France et la Russie, souhaiterait la coopération italienne et lui a directement demandé si une démarche des trois alliés ne serait pas opportune.