Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 8, 1931.djvu/14

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engagés à Londres au sujet de l’Asie Mineure. L’Angleterre nous reconnaît en toute souveraineté Alexandrette, la Cilicie et l’arrière-pays jusqu’à Mossoul, — y compris ou non compris, je ne sais. Elle accepte également aujourd’hui que le Liban, avec Tripoli et Beyrouth, soit placé sous notre autorité. Mais, contrairement à l’accord de 1912, elle ne nous laisse la Syrie que sous la suzeraineté de l’émir de La Mecque et, en revanche, elle réclame pour elle-même la Palestine et Caïffa. Briand a, au contraire, demandé le partage de la Palestine entre l’Angleterre et la France et le condominium sur le chemin de fer qui doit aboutir à Caïffa.

Comme les dossiers ne m’ont pas encore, malgré mes demandes, été communiqués, je me sens mal à l’aise pour me prononcer sur les questions litigieuses. J’indique cependant au conseil que l’Angleterre nous attribue des territoires qui, dans nos accords passés au commencement de 1914 avec la Turquie et l’Allemagne, étaient réservés à l’influence de cette dernière, tandis que ce que l’Angleterre réclame pour elle-même se trouve dans la zone où l’Allemagne et la Turquie avaient consacré ses droits. Si, par conséquent, il intervient une paix qui ne nous donne pas des satisfactions complètes, l’Allemagne revendiquera ce qui nous est cédé et l’Angleterre pourra, au contraire, garder ce que nous lui aurons reconnu. Il faut donc que cette reconnaissance soit subordonnée à la réalisation complète de notre lot. Doumergue m’appuie vigoureusement et, après quelques hésitations, Briand se range à notre manière de voir. Le Conseil examine ensuite la situation en Grèce. Briand déclare que les télé-