Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 8, 1931.djvu/26

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dans des abris, derrière les murs d’une maison, une batterie de 75. Puis, par un long boyau, pavé de briques rouges, nous nous dirigeons vers les premières lignes, à l’est d’Arras. Elles sont gardées par plusieurs régiments du 17e corps, dont le 11e. Creusées dans une terre sablonneuse, qui résiste à l’humidité, elles ont très bon aspect. Je m’arrête silencieusement à un poste d’écoute et ne perçois pas le moindre son.

Plus loin, vers Souchez, comme vers Neuville-Saint-Vaast, les tranchées ont été délabrées par la pluie et j’en ai vu hier de fort endommagées.

Nous revenons à Arras, où sont restés quelques habitants, dont de jeunes enfants. Nous descendons dans des caves, notamment dans celles du grand séminaire, où sont abrités des soldats. Mauvais lumignons, mauvaise paille. Je signale encore ces défectuosités au général d’Urbal.

L’après-midi, longue tournée dans des cantonnements et des centres d’instruction. Non loin d’Avesnes-le-Comte, à Simencourt, j’assiste, au milieu des poilus, à un joyeux « concert en grange », donné avec le concours de la musique du 209e régiment d’infanterie, par des soldats, artistes amateurs ou même professionnels. Bonne humeur générale. Accompagnement de canon.

Mardi 11 janvier.

Rentré à Paris ce matin, j’ai immédiatement dépouillé les télégrammes, dépêches et lettres qui se sont amoncelés pendant mon absence. Le roi Nicolas de Monténégro a réveillé M. Delaroche-Vernet dans la nuit du 8 au 9 pour lui dire qu’il venait de téléphoner à Scutari au général de Mondésir, et de le prévenir que la situation était