Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 8, 1931.djvu/9

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Le général Herr, qui commande la région fortifiée de Verdun, et qui a connu la correspondance échangée entre le ministre de la Guerre et Joffre, à la suite des informations peu rassurantes apportées à Paris par le colonel Driant, m’affirme que, tout autour de la place, les lignes de défense sont très solides. Les troupes ont été un peu fatiguées pendant les opérations de Champagne parce que, durant cette période, elles n’ont pu être assez souvent relevées, les réserves ayant été momentanément retirées de la région de Verdun ; mais elles sont revenues et les hommes sont maintenant en très bonne forme.

Je signale au général l’insuffisance que j’ai récemment constatée moi-même, de nos lignes d’arrière au sud de son secteur, en face de Saint-Mihiel, entre Fresnes-au-Mont, la Belle Vallée, Pierrefitte-sur-Aire. Il ne croit pas que les Allemands puissent passer par Chauvoncourt. Il jugerait cependant utile que nous eussions une position transversale pour fermer, à toute éventualité, l’accès de la vallée de l’Aire. Au demeurant, dit-il, aucun indice ne permet actuellement de supposer que les Allemands prononcent une attaque sérieuse contre la région fortifiée de Verdun. Tout au plus est-il possible qu’ils fassent une démonstration entre Meuse et Argonne pour fixer nos troupes, si nous-mêmes, nous attaquons ailleurs. Les avis sur le point de la future attaque restent très partagés.

M. Mirman, préfet de Meurthe-et-Moselle, nous télégraphie de Nancy : « Les Boches nous ont envoyé des étrennes ce matin, une dizaine de gros obus venus de loin. Effet beaucoup moindre que celui que la population redoutait. Quelques maisons éventrées. »