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analyse de l’hypothèse de laplace

36.Limite inférieure de la densité d’un anneau fluide. — Un calcul que nous avons déjà fait à la fin de la Section II (p. 23), donne une limite inférieure pour la densité d’un anneau fluide homogène supposé tourner d’une seule pièce avec la vitesse angulaire l’anneau n’est stable que si sa densité satisfait à l’inégalité

(8)

Le même raisonnement nous permet même de dire que, pour une masse fluide homogène tournant autour d’un axe avec une vitesse angulaire constante et soumise à l’attraction mutuelle de ses molécules, aucune figure n’est stable si l‘inégalité (8) n’est pas satisfaite[1]. Si, dans cette inégalité, nous prenons pour la vitesse angulaire d’un satellite dont l’orbite coïnciderait avec l’anneau de Saturne, nous trouvons que la densité de l’anneau doit être supérieure à 1/16 de celle de la planète. Cette condition est incompatible avec celle de Maxwell et elle nous force à rejeter l’hypothèse de la fluidité des anneaux de Saturne. Comme ces anneaux ne sont pas non plus solides, d’après Maxwell et d’après Hirn, nous sommes amené à les regarder comme formés d’un grand nombre de corpuscules indépendants : le calcul de Maxwell nous a appris qu’une telle constitution peut être stable si la masse totale de l’anneau est assez petite.

37.La limite inférieure de la densité, donnée par l’inégalité (8), a été trouvée en supposant que la vitesse angulaire est la même pour tout le fluide. Affranchissons-nous de cette hypothèse et considérons, comme dans la Section IV, une masse fluide tournant d’un mouvement permanent autour d’un axe de révolution (fig. 7, p. 30), la vitesse angulaire variant d’un anneau élémentaire AA′ à l’autre. Conservant les notations de la section IV, nous avons (p. 32) la relation

Or, la pression est nulle à la surface et positive à l’intérieur du fluide ; donc

  1. H. Poincaré : Sur l’équilibre d’une masse fluide animée d’un mouvement de rotation, 1885 (Bulletin astronomique, t. II, p. 117).