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Page:Poirson - Mon Féminisme, 1904.pdf/212

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MON FÉMINISME

un examen, même superficiel, de conceptions aussi vastes que profondes ne sont pas faites pour exalter notre orgueil. Elles nous montrent la raison humaine, abandonnée ici-bas au milieu d’un immense mystère, allant à l’aventure, ânonnant infiniment plus d’erreurs qu’elle ne bégaie de vérités…

Ah ! c’est que la fleur divinement bleue, la fleur d’idéal et de lumière, croît sous un dôme inextricable de chardons hérissés, de ronces rougies…

Et la main brutalement orgueilleuse de l’homme, qui veut la saisir, recule sous le frôlement douloureux des orties, sous la morsure ensanglantée des épines…

Une lueur pâle mais irradiante, projetée de temps à autre à travers les siècles par la tige étincelante, filtre faiblement sous l’épaisseur du voile menaçant qui jalousement la garde. Mais elle suffit à guider les tâtonnements fébriles des âmes avides de cueillir la fleur de justice. Elle leur envoie avec son parfum d’ivresse la leçon su-