Page:Ponchon - La Muse au cabaret, 1920.djvu/119

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Sans eau, que deviendrait la Vigne ?
— Vive la Vigne ! mes amis. —
Rien que d’y penser, j’en blêmis,
Et du même coup je me signe.

Sans eau, l’on verrait avant peu
Ses gracieuses branches tortes,
Ainsi que des couleuvres mortes
Se vider sous un ciel de feu.

Sans eau, plus de rouges automnes !
Partout en France, c’est la nuit.
Plus de vendanges ! tout est cuit.
Plus de vin chantant dans les tonnes !

Adieu les fastueux coteaux,
Pourpre et or ainsi que des chapes !
Autour des ceps non plus de grappes
Que sur des manches de couteau.

Plus de cabarets sous les treilles !
Et que boiriez-vous, dites-moi,
Ivrognes de malheur ? Et quoi
Mettriez-vous dans les bouteilles ?

Crions donc en chœur : Vive l’eau !
L’eau dont le bon Soleil lui-même
Consent à faire son carême,
Pour nous la rendre en picolo.