Page:Ponchon - La Muse au cabaret, 1920.djvu/76

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Ces monstruosités que vous, gens délicats,
Trouveriez horrifiques,
Pour ceux du « bâtiment » sont simplement des « cas »
Rares et magnifiques !

Or, un jour, le docteur que le Gouvernement
Prépose à ce musée,
Comme il s’y promenait pour passer un moment,
Crut sa vue abusée,

Constatant ses fœtus à sec dans leurs bocaux…
Indicibles merveilles,
Acquises à quel prix d’efforts chirurgicaux !
 « Tu dors, ou si tu veilles ?… »

Se dit-il. — « Tant d’alcool que l’on m’a dérobé !
Car je ne puis pas croire
Que jamais mes fœtus aient le tout absorbé.
Quelqu’un doit me le boire… »

En effet. Quelque temps après, le gardien
De salle, un vrai colosse,
Raconta qu’il buvait son verre quotidien
De cet alcool atroce.

Et le plus curieux, c’est que cet animal,
Loin de tomber en cendre,
Bien mieux, n’avait pas l’air de s’en porter plus mal.
C’était de quoi surprendre.