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VII

la poésie. Au contraire, chaque jour a amené et amène quelque nouvelle et honorable tentative de renaissance. On peut même dire qu’il n’a Jamais été fait plus de vers et plus d’excellents vers qu’à présent. En revanche, ils n’ont jamais été moins lus. Les vers sont devenus le cauchemar des journaux et des éditeurs, l’épouvantail de la librairie. V. Hugo seul passionne encore les esprits à certains moments. Mais à part lui, les poètes contemporains, quel que soit du reste leur talent, n’ont plus, depuis quinze ans, d’autre public que leurs amis et que quelques rares amateurs qui amusent leurs loisirs à lire des vers : encore cachent-ils ce goût comme une faiblesse inavouable. C’est là un fait évident, un fait acquis comme on dit en jurisprudence et dont, jusqu’à nouvel ordre, les poètes doivent prendre franchement leur parti. On a beaucoup écrit, beaucoup discuté sur les causes qui ont produit ce discrédit absolu de la poésie. Les poètes ont naturellement reproché à la société ses appétits matériels, son absence d’idéal, et l’ont taxée de brutal égoïsme. On leur a jeté à la face que c’était leur faute si le public s’était éloigné d’eux ; on