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DES NOMS DE FAMILLE
Pav, patte, devient Pavec, c’est-à-dire Pattu.
Gar, jambe, devient Garec, c’est-à-dire Jambu.
Corn, come, devient Cornec, c’est-à-dire Cornard ou Cornu.
Boc’h, joue ; augmentatif Boc’hec, joufflu ; diminutif Boc’hic.
Goz, vieil ; augmentatif Cozec, vieillard ; diminutif Cozic.

Richard est l’augmentatif de Riche, dont Richelet est le diminutif. Coignet, Grandet, Jolivet, Noblet, Robinet, Roitelet, Jardinet sont les diminutifs de Coing, Grand, Jolif, Noble, Robin, Roi, Jardin. Une autre terminaison des noms bretons est le pluriel ; nous en citerons plusieurs exemples, et nous ferons observer que l’usage de donner une terminaison plurielle a un nom de famille, pour designer collectivement les individus qui composent cette famille, continue toujours à être suivi. On sait qu’en Italie les noms de famille se mettent aussi au pluriel, et en Pologne au féminin.

Nous répéterons que les noms de profession ou de métier n’ont vraisemblablement pas appartenu dans le principe à des nobles, car il est probable que ces professions ou métiers ont été exercés par les premiers auteurs de ces familles, qui en ont gardé le nom. On pourrait en conclure que les familles qui ne portent qu’un nom de terre sont plus anciennes que les autres ; toutefois, on ne doit rien avancer à cet égard d’une manière absolue, car, d’une part, on rencontre des noms de métier portes par des seigneurs des le xii siècle, et d’un autre côté, on sait qu’un grand nombre de noms patronymiques sont aujourd’hui perdus. Un nom de métier n’implique donc pas toujours l’existence d’un ancêtre qui a exercé cette profession. Si le Connétable de Clisson eût vécu plus tôt, son surnom de Boucher eut pu passer à sa race. On appelle tous les jours Maçon celui qui fait beaucoup bâtir, sans pour cela tenir la truelle, et une famille Boulanger a été ainsi nommée pour avoir nourri a ses dépens toute une ville, pendant une disette.

On trouve aussi, dès le temps de la formation des noms, un très grand nombre de roturiers qui ont pris des noms de lieux ; mais le plus souvent ces noms, à la différence de ceux des familles nobles, ne se rattachent pas à un domaine particulier. On s’appelait du Bois, sans dire de quel bois ; de la Vigne, du Pré, sans designer quelle vigne ou quel pré, et de même du Champ et des Champs, de la Cour, du Pour, du Val, de la Porte, de la Planche, de la Rue, de la Croix, du Chemin, de la Pierre, du Portail, etc. Ces noms sont excessivement communs en breton et en français, et un grand nombre, sans qu’il y ait encore ici rien d’absolu à affirmer, ont été donnés dans le principe à des bâtards, en raison des circonstances dans lesquelles ils ont été recueillis[1].

  1. À ce sujet, nous ne voyons pas pourquoi on ne donne plus aux bâtards de noms qui leur permissent, une fois devenus hommes, de se confondre avec les autres familles sans que leur origine soit indiquée par leur nom. Nous avons vu la même semaine trois enfants naturels nés à Morlaix, auxquels on avait imposé les noms de Dièze, Bémol et Bécarre. N’était-il pas plus simple de leur donner un nom en conformité de leur signalement ou du lieu ou ils étaient exposés ? Et par exemple, si l’un avait de grands yeux, de le nommer Lagadec, ou Garec s’il avait de fortes jambes, ou Scouarnec s’il avait de longues oreilles. Ces noms, porte"s par une infinité de familles, ne sont point ridicules comme ceux qu’on a infligés a ces malheureux. Nous recommandons cette observation aux maires ou a leurs secrétaires, qui ont de trop fréquentes occasions de la mettre en usage.