Page:Potier de Courcy - Nobiliaire et armorial de Bretagne, 1890, tome 3.djvu/289

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276 DE LA NOBLESSE


En 1789, les armies reguliferes soldees avaient remplace depuis longtemps toutes les institutions militaires feodales ; certains privileges n’avaient done plus raison d’etre et Ton pouvait legitimementles abolir. Toutefois, je ne comprends pas parmi les privileges qu’on pouvait abolir les rentes feodales et casuels de flef s, sorte de proprietes qui se vendaient et n’etaient pas moins sacrees que les rentes foncifcres. Ces proprietes, on devait les racheter si on les trouvait gfinantes. On ne respecta pas plus les autres, et le patrimoine de Teglise et de la noblesse passa en quelques jours, sous la denomination de biens nationaux, et aux prix de quelques assignats, aux mains des croquants.

A la difference de Taristocratie de naissance, cette aristocratie nouvelle des richesses, portant derrifere Toreille la plume qie Thomme d’armes portait & son heaume, pretend jouir aujourd’hui sans compensation ; réglementer Tfitat, qu’elle • soutient comme la corde soutient le pendu, et aprfes s’fitre emparée des biens de la noblesse, lui ravir cequi lui reste de son glorieux passe, ses noms et ses titres. « Au milieu de ce debordement de noms de terre, de ce demembrement de noms roturiers en particules ambitieuses, de cette usurpation de titres presqueuniverselle, ce sera bientdt une distinction etune preuve de goflt que de garderson nom veritable. La societe devient si noble, qu’il y reste k peine de la place pour ceux qui se piquent d’avouer leur roture. Onse plaint du ralentissementde la population en France, e’est du Tiers-fitat sans doute que Ton veut parler, car la noblesse se multipliedemesurement et menace de couvrir bien tdt la surface du pays. Certes, si les sentiments s’ennoblissaient quand les noms s’anoblissent, on pourrait concevoir sur Tavenir de la nation les plus hautes esperances. Malheureusement, cet anoblissement general ne prouve qu’une chose : e’est que le ridicule a trop perdu en ce pays de son utile puissance, puisqu’il ne sufflt pas h faire justice de ce que la loi ne peut sagement atteindre*. »

Cette conclusion ne paralt pas conséquente de la part du journaliste qui depeint si spirituellement Tabus que legouvernementveatreprimer.De plus, les adversaires comme les partisans de la mesure qui a tenu pendant un an tant de vanites en 6moi, n’etaient pas exerces au maniement d’armes, depuis longtemps hors d’usage, dans la poiemique habiluelle des joumaux. C’est done k Timprovisto qu’ils les ont saisies pour attaquer ou pour defendre Tinstitution de la noblesse, qu’ils connaissent a peine. Tousles organes de )a publicite ont confondu, dans ces derniers temps, V extraction avec le titre , en citant un certain nombre d’fidits, d’Ordonnances et de Declarations du Roi, qui punissaient tout usurpateur du nom et du titre de noblesse. Avant 1789, les poursuites pour usurpation de titre et d’origine ont 6te exlrfimemen t rares ; et cependant Tabus, pour n’fitre point aussi commun qu’aujourd’hui, n’en etait pas moins flagrant. Les poursuites pour usurpation de noblesse etaient au contraire trfes frequentes. La raison en est, que le flsc avait interfit a s’opposeri Texemption des taxes, tandis qu’il etait desintéresse dans la question des titres et de Tauciennete de la race. On a dit que la plus grande partie des erections faites aux XV1I # et XVIIP sifccles, Tavaient 6te en faveur de la robe ou de la finance et non

  • Pré ?ost-Paradol, Journal des Ddbats, mars 1857.

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