Page:Potvin - L'appel de la terre, 1919.djvu/162

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Jean Thérien vint avertir sa fille qu’il était temps de retourner à la maison.

Au sortir de l’église, ils rencontrèrent la mère Duval qui était aussi venue prier pour les défunts de la paroisse.

« Je suis bien contente de vous voir, » dit-elle en apercevant Jean Thérien et sa fille, « et si vous le permettez, je vais continuer à la maison avec vous ; j’aurais une lettre à faire écrire par Jeanne. »

Le menuisier et sa fille devinèrent à qui allait être adressée, la lettre, et il y eut un silence.

Déjà le crépuscule tombe lentement en nappes grises ; le froid est vif pour la saison et la route durcie fait sonner haut les semelles des gros souliers. La pureté d’une grande bénédiction tombe sur la nature mélancolique qui va s’endormir.

« Nous ne sommes pas loin sans neige, » fit remarquer Jean Thérien pour rompre le silence qui devenait pénible.

— Il faudra pourtant bien que la bordée de la Toussaint nous arrive, répondit la mère Duval ; voilà un automne comme il y a bien longtemps que nous n’avons pas vu ; chez nous la terre est « meuble » et nous pourrions encore semer.

Il y eut un nouveau silence que seuls rompaient les pas menus sur la route durcie. Et Jean Thérien risqua, cette fois :

« Pas encore de nouvelles de Paul ?… M’mame Duval ?

— Hélas ! non, répondit la fermière dans un long