Page:Potvin - L'appel de la terre, 1919.djvu/163

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soupir, pas depuis la fois qu’il nous a donné son adresse ; ce pauvre enfant-là me rend bien inquiète… S’il était malade, songez donc, si loin, seul !…

— Savez-vous, M’mame Duval, que tout à l’heure, dans l’église — Dieu me pardonne ! — il m’est venu une idée, là, fit tout à coup le menuisier en se touchant le front ? c’est que ça me dit que Paul reviendra ; j’en suis presque sûr…

…On arriva à la maison où il faisait déjà si noir qu’il fallut allumer la lampe. Jeanne prit aussitôt dans une armoire du papier, de l’encre et une plume, déposa le tout sur le coin de la table et se mit en devoir d’écrire.

La mère Duval dicta :

« Mon cher enfant : — La présente est pour te donner des nouvelles de notre santé qui, pour le moment, sont assez bonnes, nous en remercions le Bon Dieu. C’est Jeanne qui écrit pour nous ; elle est bien bonne.

« Je tenais à te dire que nous sommes bien dans la peine depuis bientôt trois mois que tu es parti sans même venir nous voir. La joie nous a quitté avec toi et elle n’existe plus aux Bergeronnes. Nous venons tous trois, Jean Thérien, Jeanne et moi, d’aller prier pour les morts à l’église et c’est bien triste ; pour moi, j’ai prié rien que pour toi, mon pauvre enfant ; je ne sais pas si j’aurais plus de peine si tu étais vraiment mort…

« Un mot pour te dire que les récoltes ont été bonnes et que mon jardinage est venu comme une