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LE « MEMBRE »

dépendant. Comme, après leur « brouille », il ne voulait pas faire les premiers pas pour s’« arranger » avec lui, il fut content d’apprendre que le membre allait venir le voir…

La voiture arrivait. Des arbres, saules, bouleaux et trembles, qui avaient poussé là, « sans cérémonie » pêle-mêle, jetaient de l’ombrage sur le chemin. La maison de père apparaissait là-bas, « frappée en plein » par le soleil. Autour des « bâtiments », le grain, dans les champs qui s’étendaient à perte de vue, semblait dormir. On entendait seulement dans le grand silence de la campagne le « piaillement » des poules et le cri des oies et des canards qui barbotaient dans un ruisseau voisin. On arriva à la ferme. C’était une belle « bâtisse » à « comble français ». La grange et l’étable s’élevaient tout près… Des poules jaunes picoraient sur un tas de fumier, derrière l’étable, et des petits cochons fouillaient dans la vase de la cour. Le père Mansot apparut tout de suite sur le perron de la porte. Il était vêtu d’ « overalls ».

— Bonjour, mon garçon.

— Bonjour, le père.

Ils se serrèrent les mains et les yeux du bonhomme semblaient vouloir dire qu’il était content.

— Alors, comme ça, ça va ben ?

— Oui, pas mal, et vous ?

— Ben merci…

Ils entrèrent dans la cuisine où les engagés étaient à « luncher ». Puis, ils traversèrent dans une petite salle éclairée par un « châssis » garni d’un rideau d’ « indienne » fleurie.